Quand l’IA devient… le nouveau kiosque du Monde
- Fabrice Audouard

- il y a 2 jours
- 2 min de lecture
Dans la presse, on aime bien dire que l’histoire se répète. Mais cette fois, elle s’écrit en langage machine.
Après des années à se demander si l’intelligence artificielle allait siphonner leurs contenus, les grands médias tentent de trouver la parade : faire payer les géants de la tech pour accéder à leurs articles.

Une forme de retournement de situation dont la presse n’a pas toujours eu le secret… mais qui, pour une fois, joue en sa faveur.
Le dernier exemple en date : Meta AI, l’assistant d’intelligence artificielle de Meta, intégrera désormais en temps réel les contenus de plusieurs médias d’information comme CNN, Fox News et… Le Monde.
Une annonce faite le 5 décembre, qui tombe à point nommé dans un climat d’inquiétude généralisée sur l’avenir de l’information à l’ère des chatbots.
Concrètement, lorsqu’un utilisateur posera une question d’actualité, Meta AI renverra directement vers les articles des médias partenaires.
Un geste simple, mais lourd de sens : de la visibilité, du trafic, et surtout… des revenus.
Car, depuis 2022 et l’arrivée fracassante de ChatGPT, la presse ne donne plus ses contenus. Elle les licencie, elle les valorise, et... tente d'en vivre.
La liste des accords ressemble déjà à une galerie de portraits : News Corp (The Wall Street Journal), Le Monde, The Washington Post, Axel Springer (Politico, Bild, Die Welt) avec OpenAI ; The New York Times avec Amazon ; Google avec Associated Press ; Mistral avec l’AFP.
Même Perplexity, la start-up qui bouscule Google, a lancé son offre Comet Plus à 5 dollars par mois, donnant accès aux contenus du Washington Post, de Vogue, du Monde ou du Figaro — et reversant 80 % des revenus aux éditeurs. Une petite révolution dans le partage de valeur.
Du côté du Monde, Louis Dreyfus et Jérôme Fenoglio ne s’en cachent pas : cette nouvelle alliance avec Meta, fruit d’une longue négociation entamée début 2025, s’inscrit dans la lignée de l’accord signé avec OpenAI l’année précédente.
Un accord pluriannuel, significatif en termes de revenus, et qui, surtout, élargit le nombre de titres bénéficiaires au sein du groupe.
Surtout, il encadre clairement l’usage des contenus journalistiques :
en input, pour entraîner et améliorer les modèles ;
en output, pour servir de référence fiable dans les réponses des assistants IA.
Et là, Le Monde appuie là où ça fait du bien : cet accord « ne permet pas seulement de jouer notre rôle en apportant une information fiable dans des services où les risques de manipulations sont nombreux. Il consolide notre modèle économique, tout en préservant notre indépendance éditoriale ».
Autrement dit : si l’IA doit devenir le nouveau kiosque du monde, Le Monde entend bien y vendre ses informations au juste prix.
Une manière, finalement, de rappeler que l’information de qualité n’est jamais gratuite — même dans l’ère des robots bavards.






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